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https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/260521/pour-un-renforcement-des-collaborations-entre-mouvement-social-et-quartiers-populaires

 

Pour un renforcement des collaborations entre le mouvement social et les quartiers populaires

Mercredi 26 Mai 2021

De nombreux militants issus de diverses structures appellent les organisations du mouvement social et écologique à s‘affranchir des préjugés et autres réflexes d’exclusion que véhicule une partie de l'opinion publique et à renforcer les collaborations avec leurs homologues des quartiers populaires, des migrants, des Départements d'Outre Mer (DOM), des Territoires d'Outre Mer (TOM) et des anciennes colonies, et à médiatiser largement l'expertise de leurs représentants.

Dans le mouvement social et écologique français, le déficit d'inclusion des minorités d'origine non européenne est récurrent sauf exception. Or, du fait de leur visée égalitaire et émancipatrice, les organisations progressistes ont un devoir d'exemplarité. Elles peuvent et doivent s‘affranchir des préjugés et autres réflexes d’exclusion que véhicule une partie de l'opinion publique.

Le contexte géopolitique et national incite vivement à des avancées significatives sur ce front. Du fait de l’essor inquiétant des nationalismes xénophobes, spécialement en France, les exécutifs, guidés par les droites et les extrêmes droites, mettent au point depuis une décennie un arsenal de lois et de décrets aux effets clairement discriminatoires, lois antiterroristes, anti-migratoires et anti-séparatistes, chasse aux sorcières dans les universités et dans l'éducation nationale et lettres des généraux adressées au président Emmanuel Macron préconisant un recours militaire pour un retour à l’ordre public.

L’application de cette politique par les forces de l’ordre militaires, policières et judiciaires, attente régulièrement aux droits démocratiques et humains dans les pays du sud, pays du Sahel et subsahariens, comme dans les quartiers populaires et dans la chasse aux migrants. Le terrorisme que cette situation alimente frappe lui aussi les peuples et les communautés des suds.

Les questions relatives à l'impérialisme français et au néocolonialisme françafricain ne peuvent être traitées de manière périphérique, car elles impactent directement les luttes sociales et l'état d'esprit de la population française et de ses leaders d’opinion. Le tropisme ethno nationaliste est solidement ancré dans l’histoire de France, pas seulement celle-ci, hélas, et ce poison n'a pas fini de faire des dégâts.

Du fait, entre autres, de l'absence de résolution des crises qu'enregistrent les relations entre le nord et le sud, l'étape actuelle de la mondialisation, dite néolibérale autoritaire, se caractérise, au nom de la sécurité, par une atteinte dangereuse aux droits fondamentaux des organisations du mouvement social et écologique lui-même et par une régression des forums sociaux mondiaux et de leur influence.

Pour toutes ces raisons, il importe de rompre avec une séparation de facto des activités des différentes équipes de progressistes. Les militants qui sont originaires des suds s’investissent dans les suites des printemps arabes en dépit de leur répression et de la montée de l’islamisme radical, dans la mobilisation inter africaine pour l’abolition du franc de la Communauté Financière Africaine (CFA), contre les opérations militaires extérieures et les dégâts écologiques occasionnés par le productivisme occidental, dans les mobilisations antiracistes dans les DOM et les TOM et en métropole notamment suite à l’assassinat de George Floyd et à l’essor du mouvement Black Lives Matter aux Etats Unis.

L'alternative réside dans la construction d'un alter mondialisme intérieur, qui s’avère un complément indispensable de l’alter mondialisme globalisé. Ce dialogue entre les différentes composantes du peuple français ouvrira la perspective d'un contrat social qui revitalise les libertés publiques et les droits démocratiques et humains, qui promeuve une citoyenneté équitable et fraternelle et qui promeuve des relations intercommunautaires apaisées.

Nous appelons donc les organisations du mouvement social et écologique à renforcer les collaborations avec leurs homologues des quartiers populaires, des migrants, des DOM, des TOM et des anciennes colonies, et à médiatiser largement l'expertise de leurs représentants.

Premiers signataires :

Nils Andersson, Ludivine Bantigny, Véronique Bontemps, Martine Boudet, Pierre Cours Salies, Laurence de Cock, Christian Delarue, Didier Epsztajn, Patrick Farbiaz, Bernard Fischer, Samy Johsua, Daniel Lartichaux, Olivier Le Cour Grandmaison, Olivier Long, Christian Mahieux, Jean Malifaud, Gustave Massiah, Evelyne Perrin, Yves Quintal, Antoine Rabadan, Arnaud Saint-Martin, Catherine Samary, Serge Seninsky, Claude Serfati, Alessandro Stella, Louis-Georges Tin, Béatrice Turpin, Jean-Paul Vanhoove, Christiane Vollaire

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