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https://blogs.mediapart.fr/henri-pouillot/blog/220921/les-harkis-ces-victimes-du-colonialisme-instrumentalises-par-le-macronisme

 

Les harkis, ces victimes du colonialisme, instrumentalisés par le macronisme

Par Henri Pouillot

La France a donc présenté, Lundi 20 Septembre 2021, ses excuses aux algériens qui se sont battus pour le colonialisme, certains sans en mesurer les enjeux.

D’abord, il est important de rappeler qu’il n’y a pas une seule catégorie de harkis, comme on le laisse souvent penser, mais les conditions d’engagement ou d’enrôlement sont multiples. Il suffit de reprendre l’étude remarquable de Pierre Daum, « le dernier tabou, les harkis restés en Algérie après 1962 », pour mieux comprendre la complexité des situations.

Un certain nombre se sont effectivement engagés dans l’armée française, espérant ainsi, à l’issue de la guerre qu’ils pensaient gagnée d’avance par la France, se trouver ensuite récompensés, qu’ils seraient des citoyens français à part égale avec les pieds noirs. C’était la promesse qui leur était faite pour les convaincre, qu’il n’y aurait plus les deux collèges. Certains se sont engagés, après une sorte de conseil de famille, afin de ramener à la maison un peu d’argent pour faire vivre les siens, alors que le frère allait au maquis. Certains se sont engagés pour transmettre des informations au Front de Libération Nationale (FLN) ou pour déserter en emportant des armes. D’autres ont été enrôlés de force. Par exemple des algériens ont été arrêtés dans leur village, habillés d’une tenue militaire, avec une arme sans munitions, et envoyés au sein d’une patrouille qui allait commettre une exaction contre la population. Ce harki, alors considéré comme un traître, ne pouvait plus rentrer parmi les siens. A la fin de cette guerre, la grande majorité des harkis est restée en Algérie, ils sont rentrés dans leur village et ils y vivent tranquillement. Par contre, certains harkis, connus pour leur lourd passé de militaires français zélés, ayant commis de nombreuses exactions et des tortures, ont été victimes de règlements de compte quand ils ne purent quitter l’Algérie, un mouvement sensiblement similaire à celui réservé aux collaborateurs en France en 1945 et en 1946.

Les harkis qui sont venus en France, furent majoritairement des engagés volontaires, qui avaient cru aux promesses des autorités militaires de l’époque, imprégnés de l’idée d’une Algérie devant rester française où ils ne seraient plus des sous-citoyens.

Non seulement la France n’a pas tenu les promesses de les soutenir et de les considérer comme des citoyens français, mais ceux qui ont franchi la Méditerranée, très majoritairement, se sont retrouvés dans des camps, des villages forestiers, certains même hébergés dans des prisons, tous, dans des conditions de vie absolument inhumaines et indignes.

Donc, pendant cette guerre d’indépendance de l’Algérie, la France à tenté de jouer avec les algériens la pire des pratiques coloniales pour asservir encore un peu plus une partie de la population algérienne.

Un certain nombre d’associations de harkis se sont constituées, souvent à l’initiative de meneurs qui étaient restés dans la perspective d’un combat pour garder l’Algérie française, et elles se sont donc naturellement retrouvées dans la même démarche que les nostalgiques de l’Algérie française et de l’Organisation Armée Secrète (OAS).

C’est cette tendance que le macronisme tente de séduire, en vue des élections présidentielles, en particulier avec l’organisation de l'initiative du Lundi 20 Septembre 2021, invitation d’environ trois cent personnes à l’Elysée.

Dans cette intervention, Emmanuel Macron, a simplement demandé pardon et promis une loi de réparation. Il manque l’essentiel, la condamnation, par ce pays revendiquant être celui des droits de l’homme, de sa responsabilité dans ce crime contre l’humanité qu’est le colonialisme. Cette pratique mise en œuvre pendant cette guerre d’indépendance de l’Algérie a généré les pires méthodes, usant de crimes d’état, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, pour tenter de maintenir cette domination. En 2017, Emmanuel Macron, candidat à la présidence de la république, avait accordé une interview à une télévision algérienne dans laquelle il considérait que l’on pouvait considérer le colonialisme comme un crime contre l’humanité, bien que dans cette même interview il vantait les apports de la présence française dans ses colonies, et maintenant il honore ceux qui, pour beaucoup plus ou moins contraints et conscients, contribuaient à maintenir en place ce colonialisme.

En proposant une telle loi de réparation, qui aurait dû exister depuis longtemps pour cette catégorie, il espère ainsi récupérer des voix, qui jusqu’à maintenant, quand elles s’exprimaient, allaient plutôt vers l’extrême droite lepéniste, aux prochaines élections présidentielles. 

Cette loi ne devrait pas porter réparation aux seuls harkis, mais à l’ensemble des victimes de cette période et la commission évoquée à cette occasion ne devrait pas examiner que la réparation des familles de harkis, mais aussi, par exemple, des victimes des essais nucléaires. En effet, les radiations générées par ces tirs d’alors continuent encore aujourd’hui de poser de graves problèmes de santé pour les populations de cette région.

La date du 25 septembre pour commémorer le sacrifice des harkis devrait être supprimée, ces soldats doivent être honorés comme tous les français victimes de ce conflit et ce devrait être le 19 mars, comme la tradition française l’a fait pour tous les conflits en retenant la date de mise en application de l’accord de fin de la guerre. Retenir une autre date pour les harkis, c’est une discrimination à leur égard, à connotation raciste.

Des rumeurs évoquent qu'Emmanuel Macron pourrait, dans quelques semaines, peut-être faire un nouveau pas en reconnaissant le crime d’état du 17 octobre 1961, le massacre de centaines d'algériens, Pont Saint Michel à Paris.

Par rapport à la période de la guerre de libération de l’Algérie, il serait plus que temps qu'il n'y ait pas que des petits pas effectués les uns après les autres pour tenter de satisfaire une clientèle électorale, mais que la France reconnaisse enfin sa responsabilité globale dans l’organisation des crimes d’état du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962, les crimes contre l’humanité, tortures, viols, corvées de bois, crevettes de Marcel Bigeard et camps d’internement, pudiquement appelés camps de regroupement, les crimes de guerre, utilisation du napalm, du gaz Vx et du gaz Sarin, et les essais nucléaires, et qu'elle les condamne très clairement. Il en va de l’honneur de notre pays et du respect des valeurs républicaines de la France.

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